A la faveur des développements dans l’Église et dans la société africaine, l’ITCJ a entendu les appels lancés aux institutions ecclésiales d’enseignement supérieur par l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, de promouvoir une meilleure connaissance des Saintes Écritures.
Nous avons entrepris d’y pourvoir. L’initiative d’organiser des Conférences Bibliques périodiques exprime cette volonté d’oser inventer un nouvel espace de rencontre entre spécialistes des Saintes Écritures, collègues, enseignant(e)s et étudiants, à l’ITCJ. Ainsi, nous espérons élargir l’horizon de notre communauté académique aux chercheurs et étudiant(e)s en sciences bibliques.
La 8ème édition s’est tenue le 23 février 2022 sur le thème : « La question migratoire : à gauche ou à droite ? Loth et Abram en Gn 13 ». La migration est un phénomène naturel dans la croissance des peuples. Dans la Bible, elle a plusieurs significations. Grâce à l’analyse narrative de Gn 13, il a été mis en évidence le contraste entre le choix d’Abram et celui de Loth. Ce dernier est guidé par l’apparence, animé par la convoitise et le désir de tout posséder. Par contre, Abram, le modèle proposé par le récit, est ouvert à l’altérité de Dieu et à celle des autres. Cette conférence a été animée par Professeur André Kabasélé de l’Université Catholique du Congo (UCC – Kinshasa).
La 9ème édition s’est tenue le 22 octobre 2022 sur le thème : « Ps 120,7: Je suis [pour] la Paix! mais si je parle, ils sont pour la guerre », animée par Rev Dr. Michael MENSAH de University of Accra / GHANA. La paix a toujours été un défi pour le continent africain. Une étude concernant son maintien est d’une grande pertinence aujourd’hui en raison de la montée de l’extrémisme religieux violent, de l’instabilité politique et des menaces croissantes à la sécurité des femmes et des enfants dans la société. Un facteur qui peut renforcer ces maux est l’usage abusif des textes religieux ou sacrés et l’exploitation de leur langage pour attiser les flammes de la violence. Cette présentation a montré que les textes bibliques comme le psaume 120 contiennent des leçons sur le bon usage du langage religieux pour désamorcer les conflits et préserver la paix. Par l’application d’une herméneutique biblique africaine, cette étude met le texte biblique en dialogue avec l’Adinkra, un type de texte sacré autochtone d’Afrique. Elle suggère de considérer comment cet engagement complémentaire des deux traditions textuelles augmente les chances de la transformation du langage violent ainsi que celles de la réception et la communication du langage de la paix sur le continent.
La 10ème édition s’est tenue le 15 mars 2023 sur le thème : « La collaboration de Moïse avec d’autres dans l’exode : Choix et/ ou contrainte », animée par Rev. Dr. Alexandre NGANDU. Moïse a reçu mandat de la divinité pour aller libérer son peuple qui vivait en servitude en Egypte. Parmi ses objections contre l’exercice de sa mission, il y a, par exemple, la mise en exergue de ses limites personnelles au niveau de la communication. Comme solution, la divinité lui a donné Aaron, doué pour la parole pour être son porte-parole (cf. Ex 4, 10-17). La suite a montré qu’Aaron l’a convenablement assisté. Après la libération du peuple, sur le chemin vers le pays de Canaan, il a rencontré l’opposition d’Amaleq sorti pour se battre contre le peuple (cf. Ex 17, 8-16). Il a choisi Josué, pour livrer bataille contre Amaleq, puisqu’il en était incapable. Dans l’entretemps, lui-même, accompagné d’Aaron et Hur, était sur la montagne. Quand il tenait la main levée, munie du bâton, Israël était fort et gagnait la guerre. Il a compris que sans lui, le combat était perdu d’avance. A cause de la fatigue corporelle, pour rester victorieux sur Amaleq, il a été contraint d’être soutenu par les deux. Dans la gestion du peuple, il avait compris qu’il était le seul juge attitré. Cependant, la fatigue personnelle et la lenteur dans l’accueil des cas qui se présentaient compromettaient le bon fonctionnement de l’administration. Lors de la visite de son beau-père Jéthro, il a été critiqué sur sa manière de faire fonctionner le système judiciaire (cf. Ex 18, 13-27). Il a volontiers accepté la proposition de nommer des juges subalternes sur base des critères préétablis pour le seconder dans ses différentes tâches. Il en a résulté la satisfaction pour tous. Sur ordre divin, après la conclusion de l’alliance, il est monté sur la montagne, afin de recevoir les tablettes de la Loi et les règles et a désigné Aaron et Hur pour gérer les affaires courantes (cf. Ex 24, 12-18). Averti sur la montagne par Yhwh que le peuple laissé s’était corrompu par la fabrication du veau en métal fondu, il est descendu et a constaté qu’Aaron n’avait pas été en mesure d’assumer pleinement la charge confiée. Il avait cédé à la pression du peuple. Cette fois-ci, la collaboration n’a pas porté les fruits escomptés. En somme, dans l’exercice de sa charge, Moïse a été obligé de collaborer avec d’autres à cause de ses limites, de ses faiblesses corporelles et de son indisponibilité d’un côté ; de l’autre, il a librement choisi de coopérer avec les autres à cause de la nécessité du moment.