Discours du Directeur à l'ouverture de l'année académique 2024-2025

« Avancer dans une démarche théologique interculturelle »

Cher Père Recteur,
Cher Père Recteur de l’ICMA représenté par le secrétaire général,
Chers professeurs,
Chères sœurs,
Chers Pères,
Chers (es) étudiants (es)

Je voudrais essentiellement au début de cette année évoquer quelques caractéristiques du contexte de cette année académique, avant de formuler quelques recommandations.

1) Nous commençons cette année en clôturant la célébration des 20 ans de l’ITCJ. A 20 ans, nous sommes une institution pourrait-on dire adolescente. La preuve, nous continuons à travailler sur les textes fondateurs qui régissent cette institution. Mais on ne peut nier le fait qu’une longue marche a été faite au cours de ces 20 années : une augmentation et la diversification croissante des étudiants, une revue de professeurs qui parait régulièrement, une revue d’étudiant, une maison de presse en pleine croissance, des programmes de Master qui font leur chemin, et récemment des programmes diplômant pour les laïcs. Et cette année nous commençons un projet de formation théologique destiné exclusivement aux religieuses et entièrement ligne. Ce projet marque le désir de travailler à la formation et à l’intégration de cette catégorie d’agents pastoraux souvent présents en masse dans le service de l’Eglise et souvent mal formée. La présence du COPAC et le service que cette institution rend à la société et à l’Eglise, témoignage de la préoccupation de l’ITCJ, pour les questions de santé mentale et les autres problèmes de nos sociétés, mais aussi témoigne aussi d’un contexte d’interdisciplinarité aujourd’hui nécessaire pour une théologie interculturelle.

2) Cette année académique s’ouvre aussi dans une Eglise en mouvement, en synode, en marche, qui connaitra son point d’achèvement en Octobre prochain à Rome. L’Eglise locale continue sa marche synodale avec un nouvel archevêque de qui on attend un nouveau dynamisme, un souffle nouveau. L’ITCJ a participé à cette marche ou démarche synodale, en apportant sa contribution par un colloque qui a été lui-même un exercice synodal qui a réuni deux institutions théologiques de la ville. Les actes de ce Colloque seront publié prochainement. La Synodalité comme l’ont recommandé le pape et plusieurs experts de la Synodalité n’est pas simplement un exercice de discussion et d’écoute en assemblée, mais la Synodalité commande une pratique, une nouvelle manière d’être Eglise, une vie comme le mentionne les recommandations de ce synode. De ce point de vue, la recherche théologique et l’enseignement de la théologie doit être elle aussi une démarche synodale, lieu d’écoute, de recherche patiente de la vérité, dans le respect de la diversité des positions. Démarche qui instaure un dialogue plusieurs contextes, plusieurs cultures, plusieurs voix. Ce synode sur la Synodalité commande une nouvelle manière de travailler et de fonctionner plus inclusive, plus collaborative et même une nouvelle manière d’envisager la formation des ministres ordonnés.

3) Ce contexte local est aussi celui des déguerpissements qui ont lieu dans la ville d’Abidjan depuis quelques mois et qui d’une certaine manière ont laissé dans l’indifférence les communautés chrétiennes. L’un ou l’autre membre du Clergé s’est érigé contre ces déguerpissements dont le but très ambiguë vise l’embellissement de la ville ou le fameux principe de précaution en vue d’une meilleure sécurisation ou protection des populations. Nous constatons malgré tout que ces déguerpissements à tort ou à raison se sont faits souvent dans la violation des droits des habitants. Ce contexte est ainsi un lieu théologique qui doit nous interpeller. Une théologie interculturelle doit être une théologie attentive aux contextes. Elle fait dialoguer plusieurs contextes et plusieurs cultures : le contexte actuel, la tradition et l’Écriture, et d’autres contextes dans une démarche à la fois critique et surtout spéculative. Le point de départ selon le théologien congolais Leonard Santedi, doit être l’attention au contexte. Comme le souligne J.-M. Ela, L’Église d'Afrique est confrontée à un devoir de vigilance, elle est invitée au courage. Elle doit sortir des sentiers battus, d'une praxis qui l'enferme dans une sorte de sommeil dogmatique à l'égard des violations de l'homme, des brimades aveugles, des mutilations, des structures d'inégalité́ et de domination parmi les peuples où le système néo-colonial étend partout des tentacules immenses, avec la complicité des bureaucraties au pouvoir, tandis que la prospérité insolente et scandaleuse d'une mince couche de privilégiés entraîne la clochardisation du plus grand nombre de jeunes et d'adultes. Nous sommes donc invités à réaffirmer l’orientation interculturel que nous voulons donner à la manière de faire la théologie à l’ITCJ. Elle doit cesser d’être un slogan, pour devenir une manière véritable de faire la théologie non seulement dans le domaine de la théologie systématique, mais de toutes les autres disciplines théologiques. Dans ce dialogue entre les contextes et les cultures, les problèmes et préoccupations de nos peuples deviennent des lieux théologiques importants pour la réflexion. Nous sommes appelés à avoir pour utiliser une expression de François Varillon, un pied dans la salle de classe et la Bibliothèque et l’autre dans la patte humaine, dans la communauté humaine, et dans la communauté chrétienne et où les problèmes de cette communauté deviennent des questions théologiques, objet de réflexion.

4) Nous sommes aussi, comme le définit le document sur l’état de la compagnie de Jésus, De Statu Societatis Iesus publié en 2023, pas seulement à une nouvelle époque, mais à un changement d’époque par un ensemble de bouleversements, notamment les changements apportés par la question du numérique. Cette ère numérique pose de sérieux défis même aux modes de vie et de communication et surtout à la pédagogie et au statut et rôle de l’enseignant. Même au niveau pédagogique, nous sommes invités à la créativité et à inventivité pédagogique pour dépasser certaines méthodes mises à mal par l’intelligence artificielle notamment. Tout en continuant à avancer vers la numérisation de l’institution (Bibliothèque en ligne, utilisation des plates formes de cours, inscriptions en ligne, etc), nous sommes aussi confrontés à tous ces défis qui sont une invitation à plus de créativité, mais aussi plus d’intégrité au plan intellectuel. Nous voulons au début de cette année réaffirmer notre désir de continuer à être un centre théologique d’excellence, ouvert non seulement à l’enseignement et à la recherche dans une perspective interculturelle. Au niveau du personnel, nous accueillons le Père Cedric Mouzou Mondohong qui arrive comme nouvel administrateur de l’Institut. Nous comptons sur sa jeunesse et son dynamisme pour donner une impulsion nouvelle au fonctionnement matériel de l’Institut. Ayant fait un second cycle en missiologie, il intègre aussi le corps enseignant et rendra service à ce niveau en fonction de sa spécialisation. Nous envoyons notre sentiment de gratitude au le Père Cosmas Dewornu, qui a quitté l’ITCJ à la fin de l’année dernière pour une nouvelle mission comme directeur du centre spirituel la Vouela à Brazzaville au Congo. Il aura passé quatre années comme administrateur de l’école. Merci pour tout le bon travail discret accompli au milieu de nous. Nous accueillons aussi le Père Marc Rastoin, qui arrive des Facultés Loyola de Paris, comme professeur visiteur dans le cadre de la collaboration entre l’ITCJ et cette autre institution théologique et philosophique jésuite. Il enseignement un cours au MASTAF et animera des conférences et séminaires. Nous accueillons aussi le Père Festus Kobla Fia, Carmes qui enseignera le cours de théologie spirituelle. Nous souhaitons aussi la bienvenue à tous les nouveaux étudiants qui arrive à l’ITCJ pour commencer soit le premier ou le second cycle, spécialement les religieuses qui nous rejoignent cette année.

Que Dieu bénisse chacun des membres de la communauté académique et
accompagne l’entreprise que nous allons mener cette année.

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